05/09/2013 | Julien Lathus (ALI).
La star de Bollywood Sanjay Dutt devrait se retrouver très prochainement derrière les barreaux après sa condamnation dans une affaire liée aux attentas de Bombay. De quoi déchainer les passions dans le pays.
Suite des déboires pour l’acteur star de Bollywood, Sanjay Dutt, condamné en mars dernier à 5 ans de prison ferme. Reconnu coupable de possession illégale d’armes en rapport avec les attentats de Bombay en 1993, il a annoncé qu’il ne demanderait pas clémence et qu’il était prêt à assumer sa peine de prison. Alors qu’il devait se rendre à la justice le 18 avril, un tribunal de Bombay lui a accordé un délai supplémentaire de 4 semaines pour terminer certains projets. Le sort de plusieurs films, pour quelques 20 millions d’euros était alors en sursis face à la condamnation de la star.
Une affaire que l’acteur traîne depuis 20 ans.
Le 12 mars 1993, 13 bombes explosaient à Bombay en l’espace de 2 heures. Plus de 250 morts et des centaines de blessés au décompte des attaques qui s’étaient produites au siège d’Air India, à la Bourse, sur des marchés et dans des cinémas. Des groupes islamiques affiliés aux milieux mafieux de Mumbai étaient à l’origine de ce qui reste à ce jour l’attentat le plus sanglant commis sur le sol indien. Dawood Ibrahim, le Don du crime organisé à Bombay et son syndicat, la D-Compagnie sont soupçonnés d’avoir été les commanditaires de ces attaques.
Sanjay Dutt, lui, avait été arrêté pour possession illégale d’un pistolet 9mm et d’une Kalachnikov modèle AK-56 en avril 1993, au nom de la loi indienne sur les activités terroristes. L’acteur avait acquis ces armes auprès des gangs qui ont mené les attentats de 1993. Après avoir passé 18 mois en prison, il avait été relâché en octobre 1995 sous caution avant d’être renvoyé en prison peu après, et à nouveau enfermé pour 18 mois. En 1982, il avait déjà été incarcéré, mais cette fois-ci, pour possession de drogues. A la suite de cette affaire, il avait passé 2 ans dans un centre de désintoxication au Texas.
En 1993, Sanjya Dutt interprétait le rôle d’un gangster dans le carton cinématographique de l’année, Khal Nayak. Le film connut un immense succès, mais subit un double scandale. En cause, la chanson sulfureuse, Choli Ke Peeche Kya Hai (Qu’y a-t-il derrière le corsage ?), mais surtout la présence de Sanjay Dutt dans ce film, sorti quelques semaines après les attentats dans lesquels il était soupçonné d’implication directe.
Une histoire qui fait couler de l’encre dans tout le pays
Son cas déchaîne les passions dans la presse indienne, dans les conversations de rue et chez les acteurs de Bollywood comme dans la classe politique. Markandey Katju, un ancien juge de la Cour Suprême, qui dirige actuellement le Conseil de Presse indien a demandé la clémence pour Sanjay Dutt au cours d’un intense débat public sur le sort qui devait être réservé à l’acteur. Ses amis de Bollywood le soutiennent en grande partie, ainsi que de nombreux politiciens libéraux comme Mamata Banerjee, ministre en chef de l’état du Bengale-Occidental.
L’opposition aux demandes d’indulgence émane principalement de la droite hindoue. Parmi eux, les chefs du parti nationaliste hindou, le BJP, qui par la voix de la politicienne Uma Bharti martèlent que Sanjay Dutt, « le criminel, le traître » ne doit pas être pardonné en raison de son implication dans les attentats de Bombay. Certains dénoncent également sa stratégie de victimisation. « Sanjay Dutt est simplement en train de demander une réaction inverse quand il affirme ne pas vouloir obtenir le pardon. C’est une campagne rondement menée, mais si la clémence lui est accordée, cela introduira une jurisprudence négative » explique Mohan Guruswamy, chercheur au think-tank Observer Research Foudation.
Sanjay Dutt a 53 ans, et même s’il a encore signé l’année dernière un grand succès avec Son of Sardaar (25 millions d’euros de recette), des interrogations s’élèvent sur ses capacités à renouer avec les grands titres musclés ou comiques qui ont fait sa réputation, quand il aura fini de purger sa peine.