03/28/2012 | Antoine Guinard ( Aujourd’hui l’Inde).
Alors que les manifestations contre plusieurs centrales s’intensifient en Inde depuis un an, Manmohan Singh a présenté l’Inde comme un « bon élève » du nucléaire, rappelant avant tout les besoins énergétiques importants du pays lors d’un sommet dans la capitale sud-coréenne.
Manmohan Singh a vanté la politique responsable de l’Inde lors du sommet international sur la sécurité nucléaire à Séoul, mardi. “Les plus hautes normes de sûreté et de sécurité sont essentielles pour rétablir la confiance publique en ce qui concerne l’énergie nucléaire”, a déclaré le Premier ministre indien devant les représentants de 53 pays dans la capitale sud-coréenne.
Lors de ce sommet sur le thème de la lutte contre le terrorisme nucléaire, et les mesure à prendre à cet effet en matière de protection des centrales et de prévention contre le trafic de matériaux nucléaires, le discours de Manmohan Singh visait à rassurer sur la volonté de coopération de l’Inde, pays toujours non-signataire du Traite de Non Prolifération (TNP).
“L’Inde partage entièrement les inquiétudes internationales sur le terrorisme nucléaire et la prolifération clandestine qui présentent une menace sérieuse”, a-t-il lancé, rappelant que l’Inde n’avait “jamais été la source de prolifération de technologies sensibles”. Le Premier ministre indien n’a toutefois pas oublié de réitérer les besoins énergétiques croissant de l’Inde et la place importante que doit jouer le nucléaire pour les satisfaire.
Un discours destine aux opposant au nucleaire
Le discours rassurant mais déterminé de M. Singh était également destiné aux nombreux manifestants et activistes nucléaires qui deviennent de plus en plus audibles depuis près d’un an. En particulier a Kundandalam, au Tamil Nadu (sud), où les 500 personnes protestant contre l’installation d’une centrale nucléaire construite conjointement avec la Russie ont été arrêtées ce lundi.
Nuclear Power in India Manufacturer: Rupa & Co Part Number: Price: EUR 24,27
La polémique entourant ce projet (et l’opposition de la population locale dénoncée comme une manipulation par New Delhi) n’est pas nouvelle mais a pris de l’ampleur depuis l’accident a la centrale de Fukushima, au Japon, en mars dernier. Polémique qui n’a d’ailleurs pas épargné le vaste projet du Français Areva, qui a signe un accord pour l’installation de 6 réacteurs EPR troisième génération a Jaitapur, sur la cote du Maharashtra (ouest). Le projet Areva doit fournir à terme 10 000 MW à l’Inde et deviendrait la plus grosse centrale au monde.
L’Inde veut faire partie de l’elite nucleaire
Lors de ce sommet, l’Inde a clairement réaffirmé ses ambitions en matière nucléaire, indiquant son désir de faire partie des quatre grands « clubs » nucléaires, dont le Nuclear Supplier Group (NSG), le groupe de pays fournisseurs de nucléaire et le “Australia group”, group informel de pays chargés de surveiller et contrôler l’utilisation de matériaux et technologies nucléaires à des fins militaires ou terroristes.
Manmohan Singh a également dévoilé un rapport indien sur les progrès réalisés en matière de sécurité dans ses installations nucléaires. Invitant l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA) à passer en revue les centrales indiennes, M. Singh a également révélé que l’Inde comptait mettre en place sa propre instance, indépendante et autonome, en charge de la sécurité nucléaire.
L’Inde a obtenu en 2008 le feu vert de l’AIEA (Agence Internationale pour l’Energie Atomique) et du NSG pour développer son programme nucléaire civil. A l’heure actuelle, le nucléaire ne produit que 3% de l’électricité du pays, mais le gouvernement indien veut en faire un “composant essentiel”, pour reprendre la formule de Manmohan Singh, de la production d’énergie en Inde.