05/31/2007 | Iris Deroeux.
Le gouvernement local du Maharastra (côte ouest du pays) va vendre aux enchères le bidonville de Dharavi, à Mumbai. Les autorités ont promis à la population de la reloger. Le projet de reconversion ne fait pas l’unanimité parmi les 300 000 habitants.
Le bidonville de Dharavi, s’étend sur 214 hectares, dans le centre de Mumbai, le long des pistes de l’aéroport. Mercredi, le terrain a été mis en vente aux enchères pour la somme de 1,9 milliards d’euros. Le gouvernement du Maharastra, dont Mumbai est la capitale, compte ainsi se débarrasser des millions de baraques en taule qui forment Dharavi et laisser le champ libre à un grand projet immobilier.
Dans les journaux de vingt pays, les autorités ont déjà diffusé une publicité mettant en avant “l’opportunité du millénaire”. Cinq promoteurs indiens ou étrangers seront choisis. Ils auront sept ans pour reconstruire la zone : des immeubles, mais aussi des écoles, des centres médicaux, des jardins sans oublier un réseau d’assainissement des eaux et des égouts.
Le terrain est situé dans une zone à forte valeur ajoutée. Dharavi est au centre d’une mégalopole actuellement en manque de logements et notamment de bureaux. Nariman Point, au centre de Mumbay, vient d’être classé 5ème quartier d’affaire le plus cher au monde selon une étude du cabinet CB Richard Ellis publiée début mai. Le nom du promoteur immobilier sera dévoilé en septembre prochain.
Avant de reconstruire la zone, la population de Dharavi doit être évacuée. 57 000 familles – 300 000 personnes- vivent, et travaillent dans le bidonville. Dans leurs ateliers de poterie, de tannerie, de recyclage du plastique – les habitants vivent en autosuffisance.
Le gouvernement travaille avec les fédérations représentant les habitants de Dharavi pour prendre en compte leurs intérêts. Mais les inquiétudes grandissent. Les autorités ont prévu de reloger chacune des 57 000 famille dans un appartement de 21 mètres carré mais les représentants de Dharavi prétendent que le bidonville compte jusqu’à un million d’habitants, 700 000 de plus que les chiffres officiels.
C’est tout le tissu économique des bidonvilles qui est menacé. “Toutes les petites entreprises vont fermer”, s’alarme Jockin Arputham, président de la National Slum Dwellers Association (association nationale pour les habitants des bidonvilles). “Le gouvernement nous cache des choses. Son attitude va nous mener dans la rue pour protester”, ajoute-t-il.
Les autorités savent que la méfiance des habitants grandit. Mukesh Mehta, consultant depuis dix ans sur ce projet l’explique dans un entretien au quotidien indien Daily news and Analysis (27 mai) : “Nous avons déjà organisé plus de 200 réunions avec la population de Dharavi sur ce projet. Nous voulons travailler avec des ONG, avec la Slum Rehabilitation Authority pour que la transition se passe bien. Nous sommes conscients qu’il y a encore du travail pour informer la population.”