November 2007

11/07/2007 | Nina Casal.

L’Inde est, après la Chine, l’ un des pays qui attirent le plus de créateurs de vêtements surtout depuis la suppression des quotas d’importation textile, en France, en janvier 2005. Les créateurs haut de gamme de l’hexagone sont nombreux à délocaliser leur production vers l’Asie et l’Inde. Cet engouement s’explique par des coûts de production moindres, mais aussi par le savoir-faire des Indiens dans ce domaine.

Il est 9 heures, Carole Fakiel monte dans un taxi, direction Gurgaon, la banlieue industrielle de New Delhi. Sur place, elle enchaîne les visites à ses fournisseurs. A la fin de la journée, si le temps le lui permet, elle arpente les marchés à la recherche de tissus ou broderies qui pourraient inspirer sa collection future. Carole habite Paris, elle est styliste. Depuis deux ans, elle gère sa petite entreprise de prêt-à-porter haut de gamme et elle fait tout fabriquer en Inde. Sept à huit fois par an, elle se rend sur place afin de surveiller la production. Elle a choisi l’Inde car  “les coûts de production en France sont trop élevés, surtout face à la concurrence de chaînes comme Zara ou Mango”. En Inde, le salaire horaire est 30 fois moins important qu’en France.

Elle aurait pu choisir la Chine (qui devance l’Inde comme zone de production des marques occidentales) et produire à des coûts encore moins élevés mais “l’Inde est un marché mieux adapté aux productions à haute valeur ajoutée. Les Indiens disposent d’un savoir-faire ancestral dans le travail du textile”, explique Carole. Dans l’atelier de son fabriquant principal, Carole a le choix entre de nombreux tissus : velours, soie, coton déclinés dans différentes teintes  Elle tâte, essaie, regarde, découpe des échantillons, réfléchit. Elle laisse libre court à son imagination. “Lorsque je trouve un tissu qui me plait, il n’est pas rare que je dorme avec jusqu’à ce que l’inspiration me vienne”, ajoute-t-elle avec humour. Puis arrivent les broderies : dessins délicats d’élégantes arabesques, fleurs et autres motifs travaillés avec goût. Carole doit choisir celle qui apparaîtra sur la nouvelle version de l’un de ses manteaux en velours. Ainsi Carole puise dans le savoir faire et la créativité des Indiens, qui feront l’originalité de ses propres collections destinées au marché européen.

Si la production textile en Inde s’avère avantageuse, les Français soulignent quelques inconvénients. Catherine Barbier, consultante pour des entreprises européennes de prêt-à-porter de luxe, explique qu’elle doit faire face au manque d’organisation et d’infrastructures des entreprises indiennes. Les bâtiments industriels sont souvent très sombres, peu insonorisés et sales. Les conditions de travail des employés ne sont donc pas idéales. S’y ajoutent quelques problèmes d’organisation. “Les délais sont souvent dépassés, car le processus de production n’est pas planifié”, raconte-t-elle. “Parfois, le fournisseur utilise des tissus de moins bonne qualité que ceux sélectionnés parce qu’il n’a pas reçu à temps les bons tissus.” Depuis quelques temps, Catherine essaie de leur apprendre  à organiser leurs productions à l’aide de plannings. La jeune femme reconnaît travailler avec plaisir avec les Indiens. “Les relations avec les Indiens sont plus humaines. Ils sont toujours prêts à trouver des solutions même dans les  situations les plus critiques.”

En 2006, la France a importé l’équivalent de 767 millions d’euros de vêtements en provenance d’Inde, soit 14 % de plus qu’en 2005. Ce chiffre confirme l’ampleur du phénomène de délocalisation de la production textile en France.

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