08/28/2009 | Allen Yero Embalo (AFP).
La Guinée-Bissau attendait un fiasco de sa campagne agricole mais “une bonne nouvelle” l’a finalement surprise: depuis le début de l’année, elle a exporté “une quantité record », de noix de cajou, essentiellement vers l’Inde, selon le gouvernement.
La saison de la noix de cajou, qui s’étale de mars à août, semblait bien mal partie en Guinée-Bissau. Les assassinats du chef d’état-major des armées et du président de la République, en mars, puis les meurtres de deux hommes politiques, en juin, avaient mis à mal la campagne de commercialisation.
“Les acheteur potentiels qui sont pour la plupart des Indiens ont quitté le pays quand le président a été assassiné. D’autres ont eu peur de placer leur argent en Guinée-Bissau à cause de l’instabilité politique”, explique le ministre du Commerce, Botché Candé, interviewé au téléphone par l’AFP.
“Cela nous a porté préjudice. Malgré tout, nous avons atteint une quantité de noix de cajou exportée jamais égalée”, se réjouit le ministre. “L’Etat a besoin d’argent, et c’est une bonne nouvelle que nous venons de lui annoncer”, souligne-t-il.
Le directeur général du ministère du Commerce bissau-guinéen, Helder Barros, évoque aussi “une quantité record”: “la Guinée-Bissau a exporté pour le moment 132.962 tonnes de noix brutes de cajou, essentiellement vers l’Inde, notre principal client. L’an dernier, à cette même période, nous n’avions exporté que 115.000 à 120.000 tonnes”.
Or la noix de cajou brute reste la principale ressource de ce pays parmi les plus pauvres du monde, coincé entre Sénégal et Guinée Conakry. Et l’on dit “Com caju tutu bem” (“avec la cajou, tout est bien”) quand les bateaux chargés de noix se relaient au port de Bissau, capitale particulièrement démunie dont la majorité des quartiers n’ont ni eau courante ni électricité.
Les anacardiers, présents un peu partout dans le paysage de brousse, ont cette fois “rapporté à l’Etat un peu plus de 80 millions de dollars US”.Le directeur du Commerce affirme que les bons résultats de l’année ont été obtenus “grâce aux dispositifs mis en place en début de campagne, notamment le contrôle des circuits de collecte et l’exportation par le port de Bissau uniquement”.
Mais, “malgré la vigilance” des agents de son ministère, assure-t-il, une grande quantité est tout de même sortie par les frontières terrestres vers les pays voisins: “Nous ne sommes pas en mesure de chiffrer la quantité qui a traversé frauduleusement les frontières terrestres. C’est un manque à gagner certain pour l’Etat”.
Au classement mondial, la Guinée-Bissau arrive au 5e rang des pays producteurs de cajou brute, derrière le Brésil, le Costa Rica, la Tanzanie et le Mozambique. Mais la quasi-totalité de la production africaine est exportée à destination de l’Inde ou du Vietnam pour y être décortiquée et transformée.
L’amande en forme de demi-lune, grillée, salée et conditionnée en petits sachets, sera revendue au prix fort pour les apéritifs des tables occidentales. Pour accroître sa plus-value, le gouvernement bissau-guinéen encourage certes la transformation sur place, dans une dizaine d’unités.
“Nous avons tous les mêmes problèmes: le marché. Nous produisons mais nous ne parvenons pas à vendre”, constate Filinto Vaz, directeur à Bissau de l’unité de transformation Sicajou. “Il faut, dit-il, que l’Etat s’implique dans l’organisation de la filière et nous cherche des contacts à l’extérieur“.
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