06/30/2011 | Jeanne Leclercq.
L’Inde était jusqu’à présent un grand pays exportateur, elle semble désormais en bonne voie pour endosser un rôle d’investisseur. Les résultats de l’exercice 2010-2011 le prouvent : les entreprises indiennes sont de plus en plus présentes à l’international.
Les investissements directs à l’étranger indiens sont passés de 12 à 30 milliards d’euros entre 2010 et 2011
Selon un rapport de la Banque Centrale Indienne (Reserve Bank of India ou RBI) publié le 21 juin, les investissements direct à l’étranger (IDE) des entreprises indiennes ont plus que doublé entre 2010 et 2011, passant de 12 à 30 milliards d’euros. Si ces chiffres restent encore modestes comparés par exemple aux IDE chinois, qui ont atteint 170 milliards d’euros en 2009, ils révèlent clairement la volonté des entreprises indiennes de diversifier leurs activités, et d’être présentes partout dans le monde.
Selon Anshuman Khanna, directeur adjoint aux affaires économiques et à la recherche à la Fédération indienne des chambres de commerce et d’industrie (FICCI), cette soudaine explosion des IDE s’explique par la nouvelle ” solidité ” des entreprises nationales. ” Les compagnies indiennes sont désormais aptes à déployer leurs ailes à l’étranger car elles sont plus compétitives, et fermement ancrées sur le marché national “, affirme-t-il. Avant d’ajouter, sûr de son fait : ” Elles ont le talent nécessaire, la solidité financière et la vision stratégique pour tirer parti des évolutions du marché tout autour du monde.”
Cette définition de l’entreprise indienne performante et ambitieuse correspond parfaitement au plus emblématique des grands groupes indiens, le tentaculaire conglomérat Tata qui, ces dernières années, a racheté des marques étrangères aussi célèbres que les constructeurs automobile Jaguar et Land Rover, le fabricant de thé Tetley, ou encore le géant sidérurgique Corus. Mais selon M. Khanna, les investissements à l’étranger ne sont pas réservés aux entreprises de cette envergure : ” Ce qui est surtout intéressant c’est que les grandes compagnies n’ont pas été les seules à tenter l’aventure, il y aussi des petites et moyennes entreprises. Elles cherchent activement de nouveaux marchés, de nouvelles technologies et de nouvelles ressources. Cela fait partie de leur processus naturel de croissance. “
Dans quels secteurs les Indiens investissent-ils ? Si tous les domaines leur sont accessibles, ils montrent une prédilection pour l’informatique, les banques, la sidérurgie ou encore l’industrie pharmaceutique et cosmétique. En 2010-2011 par exemple, le groupe de cosmétiques Marico a acquis 85% du vietnamien ICP, pour un montant tenu secret, tandis que le groupe Godrej a racheté l’américain Sara Lee, dont il possédait déjà des parts, pour 164 millions d’euros.
Quant aux pays destinataires de ces fonds, ils sont de plus en plus nombreux, même si les Etats-Unis en reçoivent la majeure partie. A l’instar de la Chine, l’Inde semble ainsi se tourner de plus en plus vers l’Afrique : Tata vient encore de consacrer 204 millions d’euros au rachat de parts dans une fabrique d’engrais au Gabon.
Grâce à cet investissement, mais aussi à d’autres comme celui du groupe Manipol, dont la filiale Primacy Industries (parfums d’intérieur) a racheté en avril le groupe américain Midwest-CBK pour 140 millions d’euros, l’année 2011-2012 s’annonce elle aussi prometteuse : sur les deux premier mois de l’exercice fiscal (avril-mai), pas moins de 3,5 milliards d’euros ont déjà été investis à l’étranger.
Ces bonnes performances contrastent nettement avec la crise de confiance qui semble toucher les flux d’investissements inverses – de l’étranger vers l’Inde. Apparemment en proie à une crise de confiance, les IDE en direction du sous-continent ont en effet chuté de 30% sur la même période, passant de 21,6 milliards d’euros en 2009-2010 à 16,4 milliards d’euros l’an dernier.
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